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L’HONORABLE B. JOLIETTE.

localité, les services qu’on pouvait attendre d’un notaire savant et dévoué.

Pendant de longues heures, il se prêtait de la meilleure grâce du monde, à écouter les demandes qu’on lui adressait sur les questions litigieuses. Il se montrait, tout à la fois, le père dévoué et le juge impartial de cette population qui se groupait autour de son manoir. Il arrêtait les procès ; admonestait les citoyens coupables de quelqu’injustice ; les engageait à la réparation des torts qu’ils avaient causés : faisant le tout, avec tant de bonté, d’esprit de justice, de prudents ménagements, que chacun, renonçant à sa prétention ou à son ressentiment, se trouvait heureux de se rendre à ses raisons et à ses avis paternels.

Sa patience était admirable : car, malgré les manières rudes, les répliques parfois grossières et injurieuses des parties dont il avait à régler les différends, jamais, ni le ton de ses réponses, ni l’altération de son visage, ne laissaient apercevoir l’indignation ou l’impatience qui aurait éclaté chez un caractère moins trempé, moins accoutumé à réprimer ses saillies.

Et lorsqu’au sortir de ces longs entretiens, après l’heureux dénouement d’une affaire embarrassée, on venait lui demander ce qu’il exigeait pour sa peine : « Ce n’est rien, mes amis,