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L’HONORABLE B. JOLIETTE.

avant de franchir le seuil de votre demeure, de me livrer à la joie de notre intimité d’autrefois, j’ai à vous demander pardon de notre refroidissement apparent et dont mon long silence a été la cause. Hélas ! que d’événements depuis dix années ! Je le sais on m’a accusé de tous les malheurs qui ont fondu sur nos infortunés concitoyens ; on m’a reproché d’avoir ensanglanté la patrie et d’y avoir semé la tempête. Je ne puis répondre à ces graves et terribles accusations, qu’en protestant de mon amour pour mon pays ; je ne voulus jamais sa ruine ni son malheur, puisque j’ai travaillé toute ma vie pour sa gloire et sa liberté. Mon patriotisme a toujours été sincère et si nous n’avons pas réussi dans notre entreprise, il n’en faut accuser que le sort qui nous a été contraire !

Assez, assez, reprit M. Joliette, tirons un voile sur ces malheurs que vous n’avez pas prévus. Rappelons des souvenirs plus heureux.

Et l’entretien se poursuivit, sans qu’une allusion tant soit peu pénible n’attristât le front déjà si pensif de notre grand orateur canadien.

Plus d’une fois, dans la suite, M. Papineau se donna la jouissance d’une visite aux aimables seigneurs du manoir de Joliette.