Page:Bonin - Biographies de l'honorable Barthélemi Joliette et de M le Grand vicaire A Manseau, 1874.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
L’HONORABLE B. JOLIETTE.

la proie du torrent, et dont ils ont dévoré les cadavres revomis sur le rivage.

Là, au pied du torrent, creusé par les eaux, dans les flancs déchirés du rocher, sont des enfoncements profonds, où, chaque année, une quantité de billots s’engouffrent pour ne plus reparaitre.

Dans la chute des Sept, située en amont de la première, sept rapides étroits obligent à draver les billots sur un long trajet. Joignez à cela les sinuosités capricieuses d’une rivière qui semble se jouer à travers les montagnes et les plaines, qui, par exemple, dans un circuit de neuf milles, revient à neuf pas de son point de départ, formant une presqu’île appelée « la Pointe-à-neuf pas, » et vous aurez une idée de l’énergie, de la persévérance qu’il faut déployer pour y conduire à terme heureux, un chantier de billots. C’est ce que, pendant vingt ans, entreprit et exécuta avec les plus magnifiques succès, le père et le fondateur de l’Industrie.

De son temps, lorsqu’à la crue des eaux du printemps, le bois encombrait la chaussée, les moulins redoublaient de vitesse, roulant nuit et jour, ils transformaient en madriers, en planches, en lattes, etc., les vingt à trente mille billots enlevés chaque année aux forêts séculaires. C’était le travail de l’été.