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ANTOINE MANSEAU.

une bonne et heureuse navigation ; et au dernier jour de ce pieux exercice, le vaisseau entrait dans le Hâvre, ce qui ne s’était jamais vu dans une saison si avancée.

Aussi les bons Acadiens étaient-ils dans une grande anxiété, en le voyant exposé si tard, à toutes les fureurs des vents et de la mer. Quelle ne fut donc pas leur joie en apprenant l’heureuse traversée de leur Missionnaire. Du Hâvre à la Chapelle qui en est distante d’une demi-lieue, ce n’était qu’une procession continuelle de ces fervents chrétiens qui accouraient à sa rencontre pour se prosterner à ses pieds, et recevoir ses premières bénédictions. Cher Monsieur, lui disaient-ils, dans leur langage naïf, je sommes bien aise de vous voir terrir (arriver) ; j’étions bien évantés du temps que n’y avait de vous voir tenir la mer si tard. »

Ce fut le premier dimanche de l’Avent, que le Missionnaire se trouva pour la première fois, environné de ses nouveaux paroissiens. Ce fut une scène vraiment touchante et pleine d’émotions.

La joie la plus pure se peignait sur toutes les figures ; et il ne manquait rien au bonheur du pasteur qui, longtemps après, en était encore tellement impressionné, qu’il avouait que