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MONSIEUR LE GRAND VICAIRE

plus moyen pour ce vieux et vénérable prêtre de partir pour Québec où l’appelait son Évêque, Mr. Manseau prit le parti d’aller passer l’hiver à Chétican qui est à trente lieues de Tracadie. Il en fit avertir les habitants de cette mission, par un nègre qui dut faire le trajet à pied, et qu’il fallût en conséquence payer fort cher.

À la nouvelle d’un Missionnaire qui allait résider au milieu d’eux, les bons Acadiens poussent une goélette à flot, lui rendent ses agrès et se mettent en route pour Tracadie, où, douze jours après, ils arrivent à pleines voiles.

Comme tout le petit bagage du Missionnaire était prêt, il ne se fit pas attendre ; on remit donc à la voile sans perdre de temps, et dès le lendemain au soir, on jetait l’ancre dans le Havre de Chétican.

C’était le 28 Novembre, et il était grand temps d’arriver au port, car dès la nuit suivante, l’hiver s’établit tout de bon par un vent de foudre accompagné de neige et avec une des plus furieuses tempêtes qu’on puisse voir sur cette plage.

Pourtant, on ne s’étonnera pas que cette tempête ne se soit ainsi élevée qu’après l’arrivée du missionnaire ; car tous les dévots Acadiens s’étaient mis en neuvaine pour lui obtenir