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L’HONORABLE B. JOLIETTE.

devaient bientôt parcourir de lourds chariots, descendant au fleuve géant, les produits du Nord.

Le touriste à qui il a été donné de faire le trajet de Lanoraie à Joliette, qui a promené son regard sur ces immenses savanes mouvantes et bourbeuses, couvertes d’eaux stagnantes que la persévérance a assainies ; qui a vu ces côteaux sablonneux à travers les flancs desquels il a fallu tracer un sillon profond ; qui a considéré ces dix milles d’abattis qui ont été faits ; qui a examiné les terrassements élevés qu’a nécessités l’ouverture de cette voie ferrée, peut se faire une idée des difficultés qu’a dû vaincre M. Joliette pour parachever son œuvre.

Président, conducteur, aviseur, il était tout à la fois ; qu’il fit beau ou mauvais temps, que le ciel fût sombre ou qu’un soleil de juillet embrasât l’atmosphère, il était là, au milieu des ouvriers, dirigeant toutes les opérations ; rien n’échappait à sa sagacité.

S’il arrivait à quelqu’un de ne pas comprendre sa tâche ou de la remplir négligemment, il pouvait être assuré de ne pas échapper à l’œil du maître. Une première et douce réprimande suivait cette première maladresse ou cette première faute. Si l’admonition ne suffisait pas pour amender les coupables, ils devaient