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Canadiennes d’hier

calculs. Après ce contretemps, on a filé à grande allure sans parvenir à rattraper le temps perdu : L’angélus sonnait quand nous sommes passés à votre porte, et mon beau-frère avait un rendez-vous d’affaires dans la soirée même, à Québec.

Voilà comment j’ai été privée de faire plus ample connaissance avec vous, chère madame. En tout cas, ce n’est que partie remise. J’espère trouver bientôt l’occasion de vous revoir ainsi que votre beau pays.

Je commence à être confuse de la longueur de ma lettre. Je vous devais des explications qui auraient dû couvrir quatre pages tout au plus, et voilà que je vous impose un bavardage de huit pages. Soyez indulgente : je suis souvent seule… souvent triste : vous avez connu les miens, vous m’avez parlé d’eux avec un accent qui m’a touchée. C’est votre faute si, dans les courts instants que nous avons passés ensemble, vous avez su trouver les mots qu’il fallait pour inspirer le désir de s’épancher.

Je vous prie d’agréer, chère madame, avec mes excuses réitérées, l’expression de mes sentiments respectueux.

Sylvie Carrière

Mme Tessier à Mlle Sylvie Carrière

St-Jean-Port-Joli, 7 septembre 1912.

Votre Cathos, chère mademoiselle, m’avait presque réconciliée avec les autos. J’étais reconnaissante

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