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Canadiennes d’hier

naître toutes les circonstances afin que vous deviniez ce qu’il me reste à vous dire et pour m’en faciliter l’aveu.

Gros’maman, je l’aime !
Sylvie

Mme Tessier à Mlle Sylvie Carrière
St-Jean-Port-Joli, 1er février 1913

Vous aviez raison de dire, ma chère enfant, que j’ai été imprudente. Vous ne me le reprochez pas, mais, moi, je me juge sévèrement. À soixante-huit ans, être moins clairvoyante qu’une jeune fille de vingt-deux ans, c’est humiliant pour la vieille grand’mère !

J’ai de bonnes excuses : je voulais vous recevoir de mon mieux, rendre votre court séjour dans notre cher St-Jean aussi agréable que possible. Vous l’aviez vu par un beau jour d’été, je désirais vous donner une idée de ses plaisirs d’hiver et procurer en même temps à mon Jean la satisfaction de faire voir à une personne capable de les apprécier en connaisseuse la fine petite bête dont il est fier et son joli sleigh rouge garni de ses robes de fourrures. J’étais loin de penser que votre promenade prendrait cette tournure extraordinaire et provoquerait tant de commentaires, commentaires dont il ne faut pas exagérer l’importance d’ailleurs. Ce qui m’inquiète, c’est l’aveu que vous me faites en terminant.

Inutile de vous dire que ce n’est pas notre jeune ami qui m’a mise au courant du qu’en dira-t-

«