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Canadiennes d’hier

se rencontrer une fois, à la hâte, et en présence de madame Rivet.

Votre beau pays, à ce temps-ci de l’année, doit être poétique, et combien davantage le sera-t-il en cette nuit où le ciel visitera la terre !

Quelle impression de repos, de paix surnaturelle doit pénétrer l’âme à l’aspect de ce moelleux tapis de neige qui suit les ondulations du terrain, s’étend sur les collines et ne s’arrête qu’au bord du ciel ; de ces arbres de Noël dispersés dans les champs, étincelants de leur givre naturel ; de tout ce paysage baigné de lune, car la lune sera de la partie, je l’ai lu dans l’almanach. Papa m’assure que le son lointain des cloches de St-Aubert est perceptible par les temps calmes. Ce soir-là, il figurera les clochettes du troupeau qui erre à l’aventure quand les bergers se rendent à la crèche.

Mais — il y a toujours des mais — je ne veux pas me montrer égoïste, chère gros’maman, je ne m’en remets pas à votre générosité mais à votre raison. Consultez votre maisonnée : Alice, Régina, votre vieux garçon. S’ils croient que ma visite vous fatiguera, ne réitérez pas votre invitation. Nous nous souhaiterons « Joyeux Noël » et « Bonne année » par cette carte postale illustrée.

Votre petite Sylvie

Mme Tessier à Mlle Sylvie Carrière
St-Jean-Port-Joli, 4 décembre 1912.

Notre raison et nos cœurs sont d’accord, chère Sylvie, nous serons tous très heureux de vous faire

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