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Canadiennes d’hier

sans craindre de causer leur malheur. Si mes beaux yeux faisaient des victimes, vous n’auriez qu’à divulguer ce gros secret — imprimé en toutes lettres dans l’annuaire de l’Université — et l’Amour prendrait la fuite.

Cati a commencé le grand nettoyage préparatoire à la fête de Noël. Cette année, comme les années passées, les Berti viendront à Québec, mais ils descendront au « Château-Frontenac ». Ce sera moins gênant pour eux et moins fatigant pour nous ; Cati se fait vieille et ne veut pas accepter l’aide que nous lui offrons. Donc, nous sommes invités à prendre le dîner de Noël au « Château » en leur compagnie et il est entendu que nous les recevrons à notre table au Jour de l’an. Entre nous, ils seront régalés d’une dinde comme il ne s’en mange pas souvent dans les palaces. Notre bonne vieille grognon ne veut s’en remettre à personne du soin de surveiller et d’arroser le rôti, mais elle le réussit comme personne.

Et maintenant, j’en arrive à la partie la plus délicate de ma lettre. Vous m’avez dit dans votre avant-dernière que vous avez eu l’intention de m’inviter à passer quelques jours avec vous… Chère madame, voulez-vous me recevoir à Noël ? J’arriverais la veille par le train de 7 heures du soir et je partirais le lendemain par le rapide du matin. Est-ce trop vous demander ? J’aimerais tant pouvoir causer avec vous après tout ce que nous nous sommes écrit. Je suis votre petite Sylvie, vous êtes ma chère gros’maman et nous ne nous sommes presque pas vues. Je n’appelle pas « se voir »

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