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Canadiennes d’hier

est en train de les étiqueter pour les envoyer à l’Exposition de Québec.

Mes amis Dumas n’ont pas voulu m’entendre parler d’aller à l’hôtel. Régina dit que je suis la visite la moins encombrante qu’elle connaisse : absente toute la journée, et qui s’endort, le soir, en sortant de table ; elle ne souhaite pas que ma maison soit trop vite habitable. J’apprécie comme je dois sa gentillesse et ses petits soins, mais j’attends avec impatience le moment d’aller chercher mes vieux meubles à Québec. En distribuant les portes et les fenêtres de ma maison, je ne les ai pas oubliés. Le beau canapé a sa place marquée à côté de ma future cheminée et le petit secrétaire, un espace à sa taille sous un jour favorable.

Régina, qui cherche sans cesse à me faire plaisir, a insisté pour que j’accepte, en souvenir de notre chère gros’maman, un objet qui lui a appartenu : meuble, bibelot, bijou ; elle m’en a laissé le choix.

J’avais remarqué, la veille de la « grande procession », parmi les décorations que l’on sortait des coffres : banderoles tricolores, petits drapeaux en faisceaux du Sacré-Cœur et du pape, beaux drapeaux français, le vieux pavillon du père de Mme Tessier qui était pilote, comme tu sais. Il devait servir de repoussoir aux autres en raison de ses dimensions et de ses couleurs fanées. J’ai demandé à Régina de me le donner. Elle a été surprise de ma préférence et n’a pas compris la nature de l’intérêt que je porte à cette relique. J’ai jugé inutile de le lui expliquer, mais j’ai ajouté à la liste des travaux que je fais exécuter sur mon terrain l’érection d’un

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