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Canadiennes d’hier

— « Non, ma bonne dame, non. Ça, c’est de l’histoire ancienne, c’est fini, fini, fini… à ce que j’ai cru comprendre, du moins… J’ai l’oreille dure, — c’est bien pardonnable à mon âge, — j’veux pas non plus avoir l’air d’écouter ce qu’a dit à mamzelle Louise en secret. Bon, je m’ennuie pas, mais y faut que j’me sauve. Sans rancune, mame Tessier ! »

Les choses en sont là, de ce côté.

Sylvie, si j’écrivais à votre père pour l’inviter de venir, avec vous, passer la prochaine fin de semaine à St-Jean, chez moi, sa vieille amie, pensez-vous. chère fille, que j’aurais chance d’obtenir une réponse favorable ? Il ne pourra pas se dérober en prétextant le devoir professionnel, il est libre de disposer, comme tous les autres, de sa journée du dimanche. Sondez le terrain ; je ne veux pas m’aventurer à la légère, sortir mon papier à lettres de luxe et mes phrases des dimanches pour m’attirer un refus entortillé dans une lettre ironique, et peut-être compromettre votre cause. Dites-moi ce que je dois faire, mon enfant, et comptez sur le dévouement et l’affection de la bonne femme Tessier.


Mlle Sylvie Carrière à Mme Tessier
Québec, 15 juillet 1913
Chère gros’maman,

Il ne faut pas écrire à papa, vous en seriez pour vos frais de style et de papier. L’ingrat vous répondrait qu’il regrette mais qu’il est obligé, vu les circonstances, de remettre à plus tard le plaisir de

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