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Canadiennes d’hier

patiemment ou se serait décidé à vous accompagner avec votre sœur et les enfants. Vous auriez sans doute pensé à demander qu’on vous indique l’endroit où reposent ceux de votre famille, de génération en génération : vous auriez vu notre cimetière qu’on n’aperçoit pas de la route. Il est caché par le presbytère et les maisons qui entourent la place de l’église, dans un creux de terrain, tout au bord du fleuve. Chez nous, notre dernier sommeil est bercé par le bruit des vagues.

Ma Régina m’a priée de vous dire combien elle est flattée de votre appréciation de notre musique d’église. Il lui revient une part de vos éloges puisque la partie instrumentale lui est confiée. Elle ne veut pas qu’on dise qu’elle est organiste et maître de chapelle, ce sont de trop grands noms pour les modestes fonctions qu’elle remplit. Cependant, comme elle s’y applique de tout son cœur, il y paraît.

Les exercices de chant ne sont pas assez fréquents, ni aussi suivis qu’il le faudrait. Le chœur traîne et la prononciation nouvelle du latin laisse à désirer. En compensation, nous avons deux bons solistes : Joseph Frenette et Jean Leclerc. Ce dernier, surtout, joint à une belle voix de baryton un sens musical très juste et il est de plus. — ce qui ne gâte rien, — un fort joli garçon. C’est, d’ailleurs, la moindre de ses qualités En voilà assez pour aujourd’hui : j’ai peur de vous avoir fatiguée plutôt qu’intéressée.

Pardonnez à mon vieil âge et à ma grande amitié, chère mademoiselle, ce débordement de ques-

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