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Canadiennes d’hier

disait pas non. Si Pauline avait su s’y prendre il aurait fini par se déclarer. Quand on pense quelle aurait pu s’établir proche de nous autres, résider au bord de l’eau, vivre en dame tout en travaillant et qu’elle a mieux aimé attendre son commerçant de prunes de Montréal qui a une blonde dans chaque paroisse qu’il visite depuis Vancouver jusqu’à Halifax. J’espère que ça va finir cette histoire-là. Je lui ferai écrire qu’elle s’en revienne tout de suite après son examen. Pas de traînage à Montréal ! »

Ma fille, fais-en ton profit, la commission est faite.

Imelda vient à la maison presque tous les dimanches. Elle dit que si tu fais la folle, elle va se pousser pour Jean, elle ; qu’il ne faut pas se laisser couper l’herbe sous le pied par la demoiselle de Québec. Tu sais qu’Imelda a deux ans de moins que toi et des cheveux blonds comme on en voit rarement.

Zélie attend la maladie à la fin du mois. Sa mère ne peut pas faire autrement que d’aller passer quinze jours avec elle. Les maîtresses d’école vont être obligées de mettre la main à la besogne, je ne pourrai pas suffire. C’est bien de valeur mais c’est comme ça. Tout le monde, à la maison, a bien hâte de te voir. Bébé t’embrasse à la pincette.

Ta vieille Démerise

Mam’zelle, faut pas me marquer une mauvaise note a cause des taches d’encre ; ma plume crache comme un « chiqueux » !

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