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Canadiennes d’hier

mon mieux pour perpétuer le « miracle canadien ». On mettra notre portrait dans les journaux : Jean aura les jumeaux sur les genoux ; moi, le petit dernier dans les bras ; votre filleul portera son brassard de première communion. Au-dessous, on lira : « Belle famille canadienne ». C’est la grâce que je me souhaite, gros’maman.

En voilà assez pour aujourd’hui. Je vous ai fait sourire, vous me trouvez un peu exaltée, même un peu folle. Je ne vous en veux pas pour cela. Votre petite Sylvie vous remercie de vos bons souhaits de fête et vous embrasse affectueusement.

S. C.

P. S. — Quand vous pourrez écrire sans vous fatiguer, chère madame, parlez-moi de lui ; quand vous le verrez, parlez-lui de moi.


Mme Tessier à Mlle Sylvie Carrière
St-Jean-Port-Joli, 10 avril 1913.

Oui, chère fille, je vous trouve un peu folle, un peu exaltée, mais bien gentille tout de même. J’ai compris que la belle Régina vous a mise au courant de mes craintes exagérées ou ridicules et que vous avez voulu jouer le rôle d’un rayon de soleil : chasser mes idées noires, me distraire par votre manière gaie de dire les choses sérieuses et par le grand sérieux avec lequel vous dites vos petites blagues. Avec l’aide de Dieu et du docteur Simart, vous avez pleinement réussi. Me voilà encore une fois sur pied et rassérénée pour quelque temps.

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