priétaire d’un fonds, quelque borné qu’il soit, n’en a pas toute la propriété, et s’il
« Un père de famille, de la paroisse des Bouchoux, tombe malade au mois de Mai 1770 ; deux jours avant sa mort, le Fermier du Chapitre présente une requête aux Juges, pour avoir la permission de mettre le scellé sur la succession, on prépare pendant ces deux jours les procédures usitées en pareil cas, et le Juge arrive dans la hutte avec le Greffier, le Fermier et des Records, au moment que l’on en sortoit le cadavre pour le porter à la fosse ; il n’y avoit dans la hutte qu’un enfant de deux ans, dont les larmes ne les attendrissent point. La mère et le reste de la famille avoient suivi le convoi. Pendant leur absence on met le scellé sur toutes les serrures, et à son retour l’orpheline trouve pour consolateur un Fermier qui venoit la dépouiller, et des Records en garnison dans sa cabane.
« Cependant cette fille avoit toujours vécu dans la communauté de son père, son mari y résidoit avec elle depuis dix-huit ans ; et elle y avoit fait quatre enfans ; mais le Chapitre prétendoit qu’elle avoit passé les premiers six mois de son mariage dans la famille de son mari, qu’elle n’avoit point couché dans la hutte paternelle, la première nuit de ses noces, et sur ces prétextes, vouloit s’emparer de l’héritage que la nature et la loi lui déféroient.
« L’orpheline vient à Saint-Cl. se jetter aux pieds d’un homme sensible qui prend sa défense ; mais dans la vue de lui ôter ce défenseur, le Chapitre récuse le