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déchu, et que les maréchaux Soult et Sébastiani m’ont offert d’attester au besoin.

Après l’élection de mon cousin à la présidence de la République, et sans parler de ses intentions fraternelles, je pouvais croire que le gouvernement issu de l’élection du 10 décembre ferait pour moi la proposition favorable que Lamartine ou le général Cavaignac eussent faite. Le gouvernement n’a pas cru devoir prendre cette initiative ; et si je ne pouvais avoir recours à vous, citoyens représentants, je me verrais frappé, j’en conviens, dans mes espérances les plus chères, espérances que je n’avais pas abandonnées, même dans l’exil ; car un soldat de mon nom ne renonce pas facilement à servir dans les rangs de l’armée française.

La Légion étrangère, je le sais, a glorieusement conquis une haute réputation militaire. Je m’honorerai toujours d’avoir appartenu au corps de ses braves officiers ; mais peut-être n’est-ce pas une prétention exorbitante de ma part que d’espérer d’être enfin admis autrement qu’à titre d’officier étranger. Je m’étais dit qu’un neveu de notre grand capitaine, un fils de Lucien Bonaparte, un proscrit des Bourbons, n’avait pas à craindre que le coup dont une loi de proscription l’a frappé ricochât, pour l’atteindre encore, sur le terrain de la République.

L’élévation d’un autre neveu de l’empereur Napoléon à la magistrature suprême de l’État semblait m’assurer de plus en plus qu’on ne me refuserait pas une simple mutation qui ne ferait de tort à personne, puisque mon emploi actuel peut être rempli par un chef de bataillon au titre français.

Pour sortir de la position anormale où je me trouve, je fais un respectueux appel, citoyens représentants, aux mandataires du