Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’entendre un homme respectable débiter de pareilles excentricités, et n’a-t-il pas fallu que les esprits fussent bien prévenus, pour les écouter sans sourciller ? D’ailleurs, l’ordre formel de mon général n’était-il pas de me rendre à Alger, et si j’eusse désobéi, fût-ce pour retourner à Zaatcha plutôt qu’à l’Assemblée nationale, M. d’Hautpoul ne m’eût-il pas traduit devant un conseil de guerre, ou, tout au moins, révoqué de mon grade, et, qui plus est, de mon emploi, quand même je n’en aurais pas eu ?

M. d’Hautpoul, dans son discours, accordait beaucoup à mon nom, et il venait déclarer, en même temps, que ce nom et les longues persécutions qu’il a attirées, ne valaient pas la peine de naturaliser mon épaulette, ni d’arrêter une mesure qui certes n’était pas empreinte d’aucun esprit de famille.

Enfin, lorsque, tout en commettant de si singulières méprises, il me reprochait de ne pas avoir consulté mon cœur de soldat, on comprendra que si j’avais voulu descendre à des personnalités, rien ne m’eût été plus facile ; mais je crus, et je crois encore, que cela ne m’eût pas convenu envers un ministre et un vieux général.

Quoi qu’en dise le Moniteur, il n’est pas exact que l’Assemblée presque entière se soit levée contre l’ordre du jour que je présentai [1]. Au contraire, la gauche presque entière, et cela m’importe beaucoup, s’abstint de prendre part au vote, malgré la position délicate que ma susceptibilité à l’endroit de Louis-Napoléon m’avait faite dans l’opinion de la plupart de ses honorables membres.

  1. Voyez aux Pièces justificatives.