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interpellations qui eurent lieu à l’Assemblée nationale, le 22 novembre, et celui de la réponse de M. d’Hautpoul.

En terminant, on me permettra quelques courtes observations au sujet de ce discours du ministre de la guerre. N’était-il pas, au moins, étrange de venir dire sérieusement à l’Assemblée, qu’à ma place, ayant rencontré les renforts, il se serait mis à leur tête, il serait parti avec eux, et, le lendemain, il serait monté à l’assaut de Zaatcha ! ! Je transcris littéralement ses expressions, mais c’est à ne pas y croire ! Comment, moi, officier au titre étranger, j’aurais donné des ordres à des troupes ayant à leur tête des lieutenants-colonels et des chefs de bataillon au titre français ? Mais ils m’auraient envoyé promener, et ils auraient bien fait ! M. d’Hautpoul, ce jour-là, semblait avoir oublié les rudiments de la hiérarchie militaire, et les droits au commandement que, même à parité de grade, un officier étranger ne peut exercer vis-à-vis d’un officier au titre français [1].

Et que dire de cette prétention de monter à l’assaut le lendemain ? D’abord, les renforts étant séparés de Zaatcha par une distance de plusieurs journées de marche, le plus grand foudre de guerre, à moins d’être Josué, n’aurait pu accomplir le miracle dont parlait l’honorable général. Laissant de côté cette légère erreur géographique, qu’aurait dit le général en chef si, m’arrogeant ses prérogatives, j’étais venu lui prescrire un plan, ou tenter une opération quelconque sans prendre ses ordres ? Et avec quoi l’aurais-je tentée, qui m’aurait obéi, ou plutôt ne m’aurait-on pas pris pour fou ! C’est dommage

  1. Article 3 de l’ordonnance du 3 mai 1832.