Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’accueil sympathique de l’île paternelle, à qui ma famille doit tant !

Le 8, je m’embarquai sur le Sphinx, pyroscaphe de la compagnie Bazin, commandant Bonnefoi. Le temps était gros et le vent contraire ; mais, grâce à l’habileté et à la vieille expérience de notre bon capitaine, nous touchâmes à Marseille dans la nuit du 10 au 11.

A Paris, où j’arrivais très irrité de la position que l’on m’avait faite en Afrique, contrairement aux promesses que j’avais reçues, on avait déjà répandu, sur mon retour, les interprétations les plus malveillantes. Un journal ministériel avait publié un article injurieux, et d’autres, sans même s’enquérir des faits, ne m’avaient pas épargné. Cependant, comme le ministère qui avait présidé à mon départ n’était plus en fonctions, je crus devoir une visite au ministre de la guerre, pour lui offrir un rapport circonstancié que j’avais préparé sur la situation de la province de Constantine. M. d’Hautpoul se montra très affable, et comme il m’interrogeait sur mon retour, et qu’il paraissait ignorer dans quels termes j’avais consenti à faire acte de présence en Algérie, j’entrai dans quelques développements, et je lui parlai incidemment de l’ordre du général Herbillon, prescrivant mon départ de Zaatcha pour Alger. Il demanda à le voir. Voulant maintenir intact mon droit de représentant du Peuple, je lui déclarai d’abord que je ne m’y croyais pas obligé ; mais comme il y mettait une certaine insistance affectueuse et parfaitement convenable, je consentis à le lui communiquer. En le voyant, il s’écria, à plusieurs reprises, non pas comme il l’a dit à la tribune : Cet ordre vous couvre, mais : Vous êtes parfaitement