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alités à la casbah, parmi lesquels étaient les capitaines Butet et Touchet, blessés sous mes ordres le 25. Le premier allait déjà beaucoup mieux, et je l’ai revu depuis à Paris. La blessure du second était plus grave, et l’on m’a assuré qu’il en souffre encore. Je revis également le brave commandant Gujot, filleul de l’empereur, mais, hélas ! dans quel état ! La plaie suppurait abondamment par la bouche et répandait une odeur corrompue qui me fit craindre pour sa vie. Je quittai, les larmes aux yeux, cet intrépide officier, pour qui la parité de grade et les autres raisons que j’ai signalées m’inspiraient le plus vif intérêt. En lui serrant la main, je fis des vœux pour que ce ne fût pas la dernière fois ; mais il était écrit qu’ils demeureraient stériles, et que l’armée regretterait un de ses plus nobles enfants.

Le 31, dès que le jour commença à poindre, je me mis en route avec un détachement de chasseurs et spahis, aux ordres de MM. d’Yanville et Lermina. Pour arriver à temps à Philippeville, y prendre le bateau à vapeur d’Alger, et afin de dérouter les partis ennemis, nous doublâmes l’étape. A El-Outaïa, où nous fîmes halte, Déna et quelques-uns de ses spahis bleus, dont j’avais déjà eu lieu de reconnaître l’utile intelligence, accrurent mon escorte. Le soir, nous étions à El-Kantara, après avoir fait cinquante-huit kilomètres dans la journée. Nous reçûmes l’hospitalité du caïd, et nous passâmes la nuit sous la sauvegarde de sa fidélité.

Le lendemain, même journée. Notre halte se fit à El-Ksour, où Déna nous quitta. Je lui donnai en souvenir un pistolet à deux coups dans le même canon, dont il avait remarqué la justesse en me voyant tirer un corbeau pendant la marche. Nous