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disputer le droit de revenir siéger au palais législatif quand je le jugerais convenable. Plusieurs sujets de juste mécontentement et de profond dégoût me maintenaient dans ma résolution. D’une part, on avait failli à la promesse dont l’accomplissement eût compensé, pour moi, l’inconvénient de servir au titre étranger. Je veux parler du commandement de compagnies d’élite, qu’on m’avait assuré à Paris, et au sujet duquel aucun ordre n’avait été transmis ni à Alger, ni à la colonne. D’autre part, des bruits offensants, universellement répandus au camp, et dont on pourrait trouver la source dans les lettres de personnes occupant de hautes positions, me désignaient comme envoyé en punition en Afrique (je dis le mot comme on me l’a répété, quelque impertinent et stupide qu’il soit). Sans doute, c’était le dernier degré de l’absurdité que de supposer qu’un homme honoré d’un mandat souverain et inviolable pût être envoyé en punition par qui que ce soit ; mais, si on réfléchit bien, on comprendra la créance que jusqu’à un certain point pouvaient obtenir des inventions par lesquelles on me représentait comme l’objet d’une sorte de disgrâce domestique, fondée sur mes opinions peu gouvernementales. Ce qui me paraissait ajouter du poids à ces manœuvres, c’était la nouvelle que, sans doute, on ne se serait pas amusé à répandre gratuitement, qu’après la campagne on me destinait au commandement du cercle de Biscara, comme si dans l’état actuel des choses ces fonctions permanentes avaient pu me convenir, et comme s’il avait dépendu de quelqu’un, sous quelque prétexte que ce fût, de me reléguer, sans me consulter, au fond du Désert, en échange du poste législatif que la sympathie et la confiance de deux départements m’ont assigné.