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contre-sanglons pour la fermer complètement, deux heures après le papier était tout couvert de sable. Ces petits inconvénients n’étaient qu’un sujet d’observations ; mais la mauvaise qualité de l’eau incommodait tout le monde, et engendrait même des maladies.

Le lendemain, nos pertes furent douloureusement augmentées par la mort du capitaine Graillet, commandant du génie. Par le plus malheureux des hasards, tandis qu’il dirigeait les travaux à la sape de droite, il fut tué d’une balle qui passa dans l’interstice de deux troncs de palmiers placés en épaulement. C’était un officier jeune, très distingué, et à jamais regrettable ; la veille, j’avais bu avec lui un verre d’eau-de-vie, et dans la conversation que nous eûmes ensemble sur les opérations du siége, je remarquai qu’il était pour les partis les plus vigoureux.

Le 27 se passa sans événement remarquable. Les travaux continuèrent sur le même pied à la tranchée. Les Arabes tiraillèrent plus ou moins toute la journée, et se montrèrent parfois à la lisière de l’oasis, d’où leurs balles arrivaient jusqu’à notre front de bandière. Les carabines à tige de quelques hommes du 5e bataillon de chasseurs à pied, placés derrière des ondulations de terrain, les leur rendaient avec usure.

Un fait remarquable et qui, en ma qualité de nouvel arrivé, m’avait surpris, c’est que notre camp était littéralement encombré d’Arabes ; j’en avais deux, conducteurs du bagage, qui bivouaquaient à la porte de ma tente, si bien que la toile seule m’en séparait. Le scheick El-Arab, je l’ai déjà dit, campait avec nous ; ses cavaliers, assez nombreux, l’avaient