Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée

leurs officiers et leurs camarades, beaucoup de soldats s’empressèrent autour d’eux, et les transportèrent sur les derrières ; d’autres, comme cela arrive souvent en pareil cas [1], les accompagnèrent, sans doute pour les escorter ; les travailleurs avaient suspendu la coupe des palmiers, mais n’étaient pas venus en ligne ; en un mot, je restai avec le quart environ de mon monde, c’est-à-dire une vingtaine de grenadiers de la Légion et quatre-vingts hommes, à peu près, du bataillon d’Afrique. Le brave sergent-major Marinot, de ce dernier corps, me seconda avec cette sévérité et cette énergie qui n’admettent point d’hésitation.

Mes grenadiers, ou plutôt cette poignée de mes grenadiers, restaient sous le commandement immédiat du sergent anglais Smitters, dont la valeur héroïque était digne d’une action plus importante.

Quoique, au même moment, les assiégés de Zaatcha eussent fait une sortie et attaqué vigoureusement la sape de droite à la tranchée, le colonel dont la sollicitude paternelle et touchante ne nous oubliait pas, le colonel, toujours partout, infatigable et dédaigneux du danger, arrivait encore auprès de nous. Sa présence ranima le combat. Debout sur un petit monticule où pleuvaient les balles, exactement à la même place où Smitters fut tué un instant après, il criait : Tenez

  1. L’ordonnance du 3 mai 1832 prescrit, avec raison, de ne pas s’occuper des morts, ni même des blessés, pendant l’action ; mais, en Afrique, il a fallu adopter le système contraire, à cause de la cruauté des Arabes et de l’inconvénient qu’il y aurait à leur laisser mutiler les corps dont ils font de sanglants trophées qui surexcitent le fanatisme des populations.