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obstacle, haut de deux mètres à peu près. Le reste, c’est-à-dire la masse, était resté dans le ravin, et à un signal donné, ils se levèrent tous, avec des cris sauvages, tandis que d’autres encore, dispersés en tirailleurs en face du jardin encaissé et du terrain nu dont j’ai parlé, nous fusillaient à l’angle ou crochet formé par notre ligne [1].

En un instant, plusieurs des nôtres furent couchés par terre, ou contusionnés par des nuées de pierres qu’on nous lançait par dessus le mur. Cette manière de préluder à un engagement plus sérieux est familière aux Arabes. Bientôt une haie serrée de leurs fusils parut à la crête du mur, et nos soldats, sans attendre qu’ils parussent eux-mêmes, et quoi que pussent faire les officiers, le couronnèrent de leur feu.

A l’angle de la ligne, un soldat venait de tomber mortellement atteint. Deux de ses camarades le traînaient en arrière, poursuivis par les Arabes qui voulaient s’en emparer pour lui couper la tête. J’allai à leur rencontre et les tins en échec avec mon fusil de chasse. Nyko et ses grenadiers étaient à cent pas de là ; je leur fis signe d’accourir, et il était temps, car l’engagement devenait de plus en plus vif. En un instant, le capitaine Touchet, après avoir tué de sa main un ennemi, tomba frappé d’un coup de feu en pleine poitrine ; le capitaine Butet reçut une balle à travers la cuisse ; Nyko fut blessé à la tête ;

  1. Je n’ai pas la prétention de faire de la tactique à propos d’une si petite affaire ; mais si quelqu’un objectait que ce crochet était un oubli des principes, je lui répondrais qu’il s’agissait de protéger des travailleurs placés dans une circonférence irrégulière, et qu’une ligne droite était impossible. Dans un combat de cette nature, il était indiqué, d’ailleurs, de profiter des abris qu’offrait le terrain.