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dans quel journal j’ai lu cette assertion mirobolante, que la hache rebondit sur l’écorce élastique du palmier. Au contraire, rien n’est plus facile que de le couper, et nos hommes y allaient grand train. Vraiment, c’était pitié de voir ces précieux végétaux, la plupart centenaires, s’abattre avec fracas, et couvrir le sol de leurs dattes. Toutes ne furent pas perdues, comme on pense bien, et nos soldats s’en régalèrent à tire-larigot.

Les Arabes, d’abord en petit nombre, exaspérés de cette exécution, et craignant peut-être une attaque sur Lichana, dont nous étions tout près, engagèrent le combat sur notre droite. A l’extrémité du mur crénelé, derrière un amas de décombres, un groupe de chasseurs du bataillon d’Afrique soutenait vaillamment l’attaque. Un caporal, étendu sur le ventre, se distinguait par la précision avec laquelle il dirigeait ses coups. Il avait placé une grosse pierre devant lui peur se garantir ; une balle arrive, touche la pierre et la lui lance à la tête ; le caporal se frotte le front, prend la pierre, la replace où elle était d’abord, et continue son feu ; une autre balle arrive, le frappe à la tête et le tue raide.

Au-delà du mur était une espèce de ravin, par où l’ennemi aurait pu arriver inaperçu. J’ordonnai aux hommes qui gardaient les créneaux de redoubler d’attention ; mais nos adversaires, guidés par la connaissance des lieux, furent plus rusés que nous. Au lieu de nous aborder de front, un certain sombre d’entre eux gagnèrent sur notre gauche, et se baissant au-dessous des créneaux, à la file l’un de l’autre, ils arrivèrent, pour ainsi dire en rampant, à garnir le mur du côté opposé au nôtre. Nous n’étions séparés d’eux que par cet