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suivant l’expression de M. le général Charon, était intelligente et énergique.

L’alerte passée, nous retournâmes, le colonel et moi, à sa gourbie, mais à peine avions-nous fermé l’œil, que de nouvelles fusillades réclamaient notre présence aux sapes menacées. Ce manège continua toute la nuit, et notamment mon excellent adjudant sous-officier, Trentinian, n’eut pas une minute de repos.

Le 25 octobre au matin, le général vint à la tranchée, et ordonna à mon colonel de m’envoyer avec 400 hommes, dont 200 de mon régiment, et 200 du 3e bataillon d’infanterie légère d’Afrique, couper des palmiers près du village de Lichana, que les contingents ennemis occupaient en force. Cette mesure d’abattre les palmiers était nécessaire et bien entendue, quoi qu’en aient dit certains critiques en gants jaunes, qui s’arrogent le droit de juger, au coin de leur feu, à Paris, les opérations d’une guerre réputée très difficile par les hommes les plus compétents. Il s’agissait non-seulement de faire des éclaircies pour faciliter l’investissement, mais aussi de ruiner l’ennemi et de fomenter ainsi, à notre profit, des récriminations et des discordes entre les diverses fractions de la population de l’oasis. En effet, les gens de Lichana, par exemple, ne manquèrent pas d’imputer à la résistance de Zaatcha la dévastation des plantations, leur principale ressource, et j’ai appris depuis que, comme on l’avait prévu, ils en furent touchés au vif, et que, malgré leur fanatisme, leur solidarité s’en trouva ébranlée.

On n’avait pu faire de lever du terrain. Le général nous indiqua, comme point de direction, un bouquet de palmiers à