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apprêtâmes à le recevoir sur les baïonnettes. Par ordre du général, les armes de nos hommes avaient été chargées avec deux balles, dont l’une coupée en quatre ; quelques coups de fusil et la décharge à mitraille d’un obusier suffirent pour éloigner momentanément ces chicaneurs d’Arabes.

Du reste, il n’est pas de tour qu’ils ne fissent pour attirer les nôtres dans leurs embûches. Quelques nuits auparavant, ils avaient imaginé de lâcher des bourriquets, et de les pousser vers les jardins occupés par nos troupes, dans l’espoir que les soldats sortiraient pour les prendre, et tomberaient dans l’embuscade qu’on leur avaient dressée. Nos gens se contentèrent de tuer les bourriquets par les créneaux, et les Arabes en furent pour leurs frais.

Un autre stratagème dont les cavaliers du Scheik-el-Arab, qui était au camp, nous menacèrent, mais qui ne fut pas employé, leur réussit, à ce qu’ils prétendent, dans leurs guerres intestines, et il est trop curieux pour ne pas être rapporté. Il consiste à enduire de goudron, auquel on met le feu, des dromadaires qu’on chasse alors sur la tribu hostile ; une espèce de rage s’empare de ces animaux, ils ruent, ils mordent, ils portent le désordre dans les rangs de l’ennemi, mais surtout, je pense, dans ses troupeaux. Quant aux Zaatcha, j’ignore s’ils étaient assez lettrés pour avoir pensé que nous aurions, au moins, aussi bon marché de leurs dromadaires enflammés que les Romains des éléphants de Pyrrhus à Bénévent ; le fait est que malgré les pronostics des cavaliers de Ben-Gannah, ils ne tentèrent pas l’aventure.

Peut-être ces détails paraîtront puérils, mais ils aideront à prouver que les assiégés ne négligeaient rien, et que leur défense,