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réduisait à quelques débris de murailles battues en brêche par notre artillerie, et aux cadavres des nôtres qu’on n’avait pu enlever, et qui infectaient l’air. Près de la sape de gauche, on voyait les ruines d’une tour qui s’était écroulée, le 20 octobre, sur les grenadiers de la Légion ; un grand nombre de ces braves avaient péri sous les décombres, et j’en remarquai un, homme magnifique, dont le corps nu, enflé, noirci, était écrasé sous un énorme madrier.

Parfois, les projectiles des assiégés embouchaient nos créneaux, écrêtaient le mur ou arrivaient aux points qui n’étaient pas bien défilés. Il est certain que l’ennemi avait d’habiles tireurs, particulièrement les domestiques noirs, que les chefs emploient à la chasse des autruches. Nos soldats les avaient entrevus visant nos officiers, et, avec cette vivacité d’imagination qui les caractérise, ils en avaient fait un être idéal et unique, qui, sous le nom du Nègro, était censé avoir porté les plus mauvais coups.

Indépendamment du feu des batteries, nous lancions d’heure en heure une bombe de seize centimètres. Nous n’avions qu’un mortier, et le défaut de projectiles nous empêchait de l’employer plus souvent. On n’aura pas de peine à comprendre qu’un tir aussi rare ne pouvait être efficace. Il nous aurait fallu, d’ailleurs, des bombes de vingt-deux centimètres, et non de seize ; celles-ci portaient admirablement, mais, de l’avis de chacun, leur pénétration était insuffisante. Quant aux canons, par une circonstance locale, ils ne produisaient pas non plus tout l’effet désirable. Les maisons de Zaatcha avaient toutes des rez-de-chaussée au-dessous du niveau du sol, qui n’étaient qu’une espèce de caves où les boulets ne pouvaient atteindre ; les