Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ceux qui ne les ont pas vus se feront difficilement une idée du village de Zaatcha, et de la nature des travaux du siège, si siège il y a sans investissement. En effet, cette place, ou plutôt cette bicoque, n’avait pu être investie, et de nombreux contingents y entraient et en sortaient à volonté, relevant les défenseurs, et les approvisionnant de vivres et de munitions. Situé dans la forêt de palmiers qui forme l’oasis, entièrement construit en terre sèche et compacte, Zaatcha n’est, en définitive, qu’un mauvais village à peine fortifié. Il est entouré d’un mur de pierre, flanqué, à ses saillants, par des tours ou maisons hautes et carrées. Un fossé large et profond en défend absolument l’approche, si ce n’est, je crois, du côté de l’ouest, où, pour des motifs que j’ignore, on n’avait pas encore dirigé d’attaque. Le pâté de maisons en face de la tranchée m’a paru beaucoup plus élevé que le reste du village, qui, si je ne me trompe, devait en être défilé. Les assiégés n’avaient point d’artillerie. Leur feu, quand il ne venait pas des tours, partait des créneaux percés au-dessus du fossé, souvent au ras du sol, dans le mur d’enceinte ou dans celui des maisons, et nous frappait avec tant de précision et d’à-propos, qu’on ne pouvait douter qu’une communication continue et facile, en guise de chemin couvert, n’existât sur tout le front d’attaque.

Quand j’ai parlé de tranchée, ce n’est pas qu’on eût eu à en ouvrir une proprement dite. La surface de l’oasis est coupée, en tout sens, de murs en pisé, d’environ deux mètres de haut, servant de clôture et de séparation à d’innombrables petits jardins, qui sont autant de propriétés particulières. Nos officiers du génie avaient profité de ces obstacles, abattant ceux qui gênaient, bouchant les brèches qui présentaient une