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construction remarquable qui commande la source d’où jaillissent les eaux de l’oasis de Biscara, ce qui nous donnerait, en cas de révolte, la faculté de les détourner et de ramener ainsi les habitants à l’obéissance. C’est à travers un bois de palmiers chargés de leurs régimes dorés, que nous atteignîmes le village et la casbah, résidence du commandant supérieur. De nombreux Arabes des deux sexes cueillaient paisiblement les dattes, sans avoir l’air de songer à la lutte mortelle dont le bruit pouvait retentir jusqu’à eux, engagée qu’elle était à quelques lieues de là, entre leurs coreligionnaires et nous. C’est le caractère de ce peuple de ne se prononcer qu’au moment d’agir, et ce n’est pas un mince avantage pour lui, dans la condition d’infériorité où il se trouve.

Grâce toujours à la prévenante courtoisie de M. le colonel Carbuccia, le logement qu’habitait de son vivant M. de Saint-Germain fut mis à ma disposition. La casbah était remplie de blessés et de malades, à qui le capitaine Bouvrit, commandant supérieur, et nos officiers de santé prodiguaient les soins les mieux entendus. J’allai porter à ces braves l’expression de ma sympathie, et comme représentant du Peuple, celle du pays tout entier. Parmi eux, je serrai la main, avec une profonde émotion, au commandant Guyot du 43e de ligne, fils du général comte Guyot, et filleul de l’empereur. Ma présence parut produire sur lui une vive impression ; bien qu’il fût dangereusement blessé, je ne prévoyais pas alors la catastrophe qui devait terminer sa noble existence et replonger dans le deuil une famille qui a si largement payé sa dette à la patrie.

A Biscara, je rencontrai également M. Séroka, jeune officier