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lorsque je fus frappé de l’aspect singulier de deux mamelons isolés et rapprochés qui, à l’endroit où nous étions, masquaient le débouché du col, situé à un petit intervalle derrière eux. J’observai que, suivant toutes les probabilités, là devait être l’embuscade. Elle y était, en effet ; mais, en nous voyant avancer, l’ennemi avait filé doucement par la droite, et gagné le lit d’un torrent à notre gauche. Nos spahis bleus, s’en étant approchés avec précaution, le fusil haut, firent tout à coup demi-tour et revinrent vers nous au galop. Le premier arrivé nous dit en arabe, en montrant du doigt le lit du torrent : le goum de Si-Abd-el-Afid est là. Nous n’aperçûmes rien d’abord. Cependant, ayant fait filer l’avant-garde et le convoi, ce qui ne fut pas fait sans peine, je restai avec M. Vivensang et deux autres officiers à l’arrière-garde. Nous n’avions, en définitive, qu’une trentaine de chevaux, et bientôt nous vîmes, à quelques cents mètres de nous, sortir successivement d’embuscade un grand nombre de cavaliers ennemis, qui se rangèrent en assez bon ordre de l’autre côté du ravin. Cette circonstance me fit penser de suite qu’ils n’étaient pas décidés à nous aborder, et qu’ils nous redoutaient, bien qu’ils fussent au moins deux cents. Quelques chefs, plus hardis ou mieux montés que les autres, caracolaient sur nos flancs, et venaient faire la fantasia un peu plus près de nous ; mais lorsque, avec le capitaine et Bussy, je m’avançai pour les reconnaître, plusieurs groupes se détachèrent du gros de la troupe et fuirent vers les montagnes. Nos chasseurs, qui ne comptent jamais leurs ennemis, voulaient les charger, et je ne doute pas que ce n’eût été avec succès ; mais le soin du convoi confié à notre garde nous prescrivait impérieusement de le rallier ; d’autant plus que