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des Bédouins, les voyageurs ; au demeurant, brave et fidèle à ses engagements, il nous a été très utile, et je devais en avoir bientôt la preuve.

Pendant que les chasseurs dressaient les tentes et rangeaient les chevaux, je pris mon fusil et je me mis à poursuivre des ramiers, dont nous voyions de toute part d’innombrables volées. Ces oiseaux n’ont rien perdu en Afrique de la ruse qui les caractérise en Europe ; aussi, ennuyé de ne pouvoir en approcher, je m’arrêtai à une source où les femmes de l’oasis venaient remplir leurs cruches. Une seule, parmi ces Rébecca, justifiait la réputation de beauté qu’on accorde indûment au sexe d’El-Outaïa. C’était une jeune fille presque blanche, légèrement tatouée, aux yeux de jais, aux dents de perles, aux formes sveltes et arrondies, qu’un haïk couvrait à peine. Sans doute, le sentiment qu’elle paraissait avoir de ses charmes la rendait moins sauvage ; car, tandis que ses laides compagnes me faisaient des yeux d’hyène, elle sourit doucement à mon salut, tant il est vrai que l’instinct de la coquetterie n’abandonne jamais complètement les femmes d’aucun pays.

Mon brave et excellent compagnon, M. Bussy, qui parle la langue du pays comme un Arabe, et qui, avec son activité accoutumée, avait été aux renseignements, m’avertit qu’on avait connaissance de l’ennemi. Évidemment, la journée du lendemain ne se passerait pas sans le voir. Le soir, en soupant avec les officiers, il fut convenu de commander quelques cavaliers de Déna, qui, par la connaissance qu’ils ont des moindres plis du terrain et des ruses de leurs compatriotes, sont de précieux éclaireurs, qui devaient nous prévenir en cas d’embuscade.