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le général Lamoricière. Chaque homme a dans son sac sa petite provision de café moulu et mêlé au sucre en poudre ; instantanément, dans une gamelle ou dans le premier récipient venu, la boisson est préparée, souvent même à froid. Cela ne devrait pas empêcher, ce me semble, de distribuer journellement aux soldats une ration d’eau-de-vie ; versée dans leurs bidons, elle en corrigerait l’eau qui, la plupart du temps, saumâtre et malsaine, occasionne des diarrhées qui dégénèrent fréquemment en dysenteries, affaiblissent et démoralisent un grand nombre d’hommes dans toute colonne en marche. A ce sujet, qu’il me soit permis de signaler une économie mal entendue, un fait condamnable et pernicieux que j’ai observé. En Afrique, le vin qu’on peut se procurer en campagne, chez les cantiniers et même dans les places de second ordre, est cher et détestable ; le vin bleu des barrières de Paris est un nectar en comparaison ; cependant, personne, à quelques rares exceptions près, n’en a de meilleur, et vraiment c’est pénible de voir tant de braves gens, qui n’épargnent ni leurs sueurs ni leur sang, s’empoisonner, lorsqu’il serait si facile à l’administration de leur fournir du bon vin à un prix raisonnable. Il lui suffirait d’avoir, comme cela se pratique pour les ambulances, du vin de distribution dont la qualité serait garantie dans l’adjudication au fournisseur ; on le céderait aux hommes au prix de revient.

Le rappel battu, nous partîmes en nous éclairant, bien qu’il n’y eût pas de probabilité que nous fussions attaqués ce jour-là. Deux spahis ouvraient la marche, suivis, à peu de distance, d’un brigadier et quatre cavaliers ; cent cinquante pas derrière ceux-ci, venaient la moitié de l’infanterie, le