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pierres cyclopéennes du temps des Romains, il fallut se retirer, après de longs efforts proclamés héroïques par l’armée d’Afrique tout entière.

Dès lors, la révolte gagna de proche en proche, même en dehors des Ziban, et la défection de Sidi-Abd-el-Afid, chef de la redoutable secte religieuse des Ghouans, vint mettre le comble aux dangers de la situation. Heureusement, en apprenant cette nouvelle, le colonel Carbuccia, revenu à Batna, se hâta d’en faire partir pour Biscara le seul bataillon qu’il eût de disponible. Bien que ce bataillon fût d’un faible effectif et n’amenât qu’une pièce d’artillerie, il permit à M. de Saint-Germain, resté au commandement de Biscara, d’entreprendre la brillante affaire du 17 septembre, dont tous les journaux ont retenti, et où ce vaillant officier trouva une mort glorieuse.

Les choses étaient dans cet état, lorsque M. le général Herbillon quitta Constantine, pour commander en chef l’expédition à laquelle j’allais prendre part. Arrivé le 7 octobre devant Zaatcha, il livrait le 20 un premier assaut, soutenu avec succès par les Arabes, malgré l’invariable bravoure de nos soldats.

On a vu que le 15, de bon matin, j’étais parti de Constantine. Après quelques heures de marche, nous fîmes halte à la fontaine du Bey. Dès la veille, j’avais fait connaissance avec le sirocco, une des conditions les plus incommodes de la guerre d’Afrique. Nous nous rafraîchîmes copieusement à une belle source d’eau vive, et tandis que nos chevaux mangeaient l’orge, qu’on déchargeait les mulets, et qu’on retirait des cantines notre frugal déjeuner, je m’amusai à chasser des