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suprématie. En 1848, la contribution des palmiers qui n’avait été, dans l’origine, que de 15 à 20 centimes le pied, fut tout à coup portée, sans transition, à 50, soit que ces précieux végétaux rapportassent leurs dattes ou qu’ils n’en eussent pas. Une mesure financière aussi vexatoire était justifiée jusqu’à un certain point par la nécessité où l’on était de fournir aux frais de fortifications de Biscara, frais que le gouvernement central n’avait pas voulu couvrir ; et en effet, 120,000 francs, produit du nouvel impôt, furent affectés à la construction de la casbah de cette oasis. Quoi qu’il en soit, un prétexte d’insurrection était trouvé pour les marabouts que nous nous étions maladroitement aliénés. Tous affiliés à la secte religieuse dite des frères de Sidi-Ab-er-Rahmann, qui a de nombreuses ramifications dans les Ziban, ils fomentèrent sourdement la révolte, à laquelle il ne manqua désormais qu’un fait déterminant.

L’administration directe de nos autorités militaires, et le nivellement de l’impôt au préjudice des anciennes prérogatives des marabouts et des familles nobles, voilà donc les causes principales de la dernière guerre. Deux autres motifs, bien que secondaires, méritent d’être mentionnés. D’une part, nos malheureuses discordes civiles avaient porté leur fruit jusqu’au fond de la province de Constantine ; de nombreux naturels des oasis, connus sous le nom de Biskris, établis à Alger, où la plupart font le métier d’hommes de peine, ne cessaient de mander aux leurs, depuis la Révolution de Février, que chaque jour nos régiments rentraient en France, que nous allions quitter l’Afrique, que nous nous battions entre nous, et mille choses semblables.