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un grand nombre de mes collègues d’opinions diverses m’avaient accordé quelque sympathie, et si jamais j’ai pu espérer avec raison la régularisation de mon état militaire, c’est bien dès l’avènement de Louis-Napoléon à la présidence jusqu’à l’installation de la Législative. À part les dispositions bienveillantes dont je viens de parler, l’amitié de mon cousin, nos relations qui dataient de loin, les promesses qu’il m’avait faites, tout m’autorisait à penser que l’opportunité ne serait pas perdue. Je dois aussi ajouter la confiance que j’avais lieu de placer, à cet égard, dans le chef du cabinet, M. Odilon Barrot, qui plus d’une fois avait blâmé les administrations précédentes de ne m’avoir pas fait admettre dans un régiment français. Bref, un mécontentement injuste de mes votes consciencieux, et conséquents avec la voie que j’avais suivie avant même que Louis-Napoléon fût représentant du peuple, des influences exclusives et que je ne signalerai pas davantage[1] ; enfin, des menées qui se résument dans le vieil adage : divide et impera, m’enlevèrent le modeste succès que j’ambitionnais comme ma part, pour ainsi dire, dans le grand triomphe du dix décembre.

L’indifférence du ministère, qui, dans ce cas, était de l’hostilité, l’intention de me sacrifier par le silence, étaient flagran-

  1. Il m’est permis de croire que le président de la République, laissé à lui-même, m’aurait appuyé. Peu de jours avant son élection, je causais avec lui, lorsqu’il m’exprima l’intention de me donner le commandement d’un corps. Je lui fis sentir les difficultés qu’il rencontrerait chez des hommes toujours prêts à crier au privilège, et dans les susceptibilités de quelques-uns des honorables officiers qui siégeaient à l’Assemblée. Il me répondit : « Si le peuple me nomme, il approuvera ce que je ferai pour ma famille qui a tant souffert. »