Page:Bonaparte - Réponse de Louis-Napoléon Bonaparte à M Lamartine, 1848.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 12 —

pereur, il répandit dans toute l’Europe ces mêmes bienfaits. Sa mission, d’abord purement française, fut ensuite humanitaire.

« Il est pénible de voir un homme de génie comme M. de Lamartine méconnaître de si grandes vérités ; mais comment s’en étonner, lorsqu’on se souvient qu’il y a un an, le député de Mâcon, dans un discours à ses commettants, se plut à nier l’action de Rome sur la civilisation du monde, et attribua à Carthage une influence qu’elle n’eut jamais ! Le poète qui oublie que nous autres peuples de l’Occident nous devons tout à Rome, tout, jusqu’à notre langue, à laquelle lui-même prête un nouveau lustre, ce poète, dis-je, peut aussi oublier la gloire civile, l’influence civilisatrice de l’Empereur, car les traces du génie de Rome, comme les traces du génie de Napoléon, sont gravées en caractères ineffaçables sur notre sol comme dans nos lois.

« Je ne puis comprendre qu’un homme qui accepte le magnifique rôle d’avocat des intérêts démocratiques reste insensible aux prodiges enfantés par la lutte de toutes les aristocraties européennes contre le représentant de la révolution, qu’il soit inflexible pour ses erreurs, sans pitié pour ses revers, lui dont la voix harmonieuse a toujours des accents pour plaindre les malheurs, pour excuser les fautes des Bourbons. (Voyez le dernier discours de M. de Lamartine au banquet de Mâcon.) Eh quoi ! M. de Lamartine trouve des regrets et des larmes pour les violences du ministère Polignac, et son œil reste sec et sa parole amère au spectacle de nos aigles tombant à Waterloo, et de notre Empereur plébéien mourant à Sainte-Hélène !

« C’est au nom de la vérité historique, la plus belle chose qu’il y ait au monde après la religion, que M. de Lamartine vous a adressé sa lettre ; c’est également au nom de cette même vérité historique que je vous adresse la mienne. L’opinion publique, cette reine de l’Univers, jugera qui de nous deux a saisi sous son véritable aspect l’époque du Consulat et de l’Empire.

« Je profite avec plaisir de cette occasion pour vous exprimer,