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lors défaite sans ressource, car la cavalerie l’empêchera de se rallier ; attendez-vous donc à avoir la guerre dans le territoire de Marseille : un parti assez nombreux y tient pour la république ; ce sera le moment de l’effort ; la jonction se fera ; et cette ville, le centre du commerce du Levant, l’entrepôt du midi de l’Europe, est perdue. Souvenez-vous de l’exemple récent de Lisle[1], et des lois barbares de la guerre. Mais quel esprit de vertige s’est tout-à-coup emparé de votre peuple ? quel aveuglement fatal le conduit à sa perte ? comment peut-il prétendre résister à la république entière ? Quand il obligerait cette armée à se replier sur Avignon, peut-il douter que sous peu de jours de nouveaux combattans ne viennent remplacer les premiers : la république, qui donne la loi à l’Europe, la recevra-t-elle de Marseille ?

  1. Lisle, petite ville du département de Vaucluse, à 4 lieues à l’est d’Avignon, ayant résisté à l’armée de Cartaux, fut emportée de force le 26 juillet 1793.