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Je n’ai point de lettres de toi. Je suis fâché contre Hortense ; elle ne m’écrit pas un mot. Tout ce que tu me dis d’elle me peine. Comment n’as-tu pas pu un peu la distraire ? tu pleures ! J’espère que tu prendras sur toi, afin que je ne te trouve pas triste. Je suis à Dantzick depuis deux jours : le temps est fort beau ; je me porte bien. Je pense plus à toi que tu ne penses à un absent. Adieu, mon amie, mille choses aimables. Fais passer cette lettre à Hortense.

Pour la reine Hortense :

2 juin. — Ma fille, vous ne m’avez pas écrit un mot dans votre juste et grande douleur. Vous avez tout oublié, comme si vous n’aviez pas encore de pertes à faire. L’on dit que vous n’aimez plus rien, que vous êtes indifférente à tout ; je m’en aperçois à votre silence. Cela n’est pas bien, Hortense. Ce n’est pas ce que vous nous promettiez. Votre fils était tout pour vous. Votre mère et moi, nous ne sommes donc rien ? Si j’avais été à la Malmaison, j’aurais partagé votre peine ; mais j’aurais aussi voulu que vous vous rendissiez à vos meilleurs amis. Adieu, ma fille ; soyez gaie ; il faut se résigner. Portez-vous bien pour remplir tous vos devoirs. Ma femme est toute triste de votre état ; ne lui faites plus de chagrin. Votre affectionné père.