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tude. Écris-moi tous les jours toi-même. Adieu, très chère amie.


XXXI

Tolentino, le 19 février 1797.

La paix avec Rome vient d’être signée. Bologne, Ferrare, la Romagne sont cédées à la République. Le pape nous donne trente millions dans peu de temps, et des objets d’art. Je pars demain matin pour Ancône, et de là pour Rimini, Ravenne et Bologne. Si ta santé te le permet, viens à Rimini ou Ravenne, mais ménage-toi, je t’en conjure.

Pas un mot de ta main, bon Dieu ! qu’ai-je donc fait ? Ne penser qu’à toi, n’aimer que Joséphine, ne vivre que pour ma femme, ne jouir que du bonheur de mon amie, cela doit-il me mériter de sa part un traitement si rigoureux ? Mon amie, je t’en conjure, pense souvent à moi, et écris-moi tous les jours ; tu es malade ou tu ne m’aimes pas ! Crois-tu donc que mon cœur soit de marbre ? Et mes peines t’intéressent-elles si peu ? Tu me connaîtrais bien mal ! Je ne puis le croire.

Toi, à qui la nature a donné l’esprit, la douceur et la beauté, toi qui seule pouvais régner dans mon cœur, toi qui sais trop, sans doute, l’empire absolu