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mon départ, je t’en prie, ne me laisse pas dans une pareille inquiétude. Tu m’avais promis plus d’exactitude ; ta langue était cependant bien d’accord alors avec ton cœur… Toi, à qui la nature a donné douceur, aménité et tout ce qui plaît, comment peux-tu oublier celui qui t’aime avec tant de chaleur ? Trois jours sans lettre de toi ; je t’ai cependant écrit plusieurs fois. L’absence est horrible, les nuits sont longues, ennuyeuses et fades ; la journée est monotone. Aujourd’hui, seul avec les pensées, les travaux, les écritures, les hommes et les fastueux projets, je n’ai pas même un billet de toi que je puisse presser contre mon cœur. Le quartier général est parti ; je pars dans une heure. J’ai reçu cette nuit un exprès de Paris ; il n’y avait pour toi que la lettre ci-jointe, qui te fera plaisir. Pense à moi, vis pour moi, sois souvent avec ton bien-aimé, et crois qu’il n’est pour lui qu’un seul malheur qui l’effraie, ce serait de n’être plus aimé de Joséphine. Mille baisers bien doux, bien tendres et bien exclusifs.


XVIII

Ala, 3 septembre 1796.

Nous sommes en pleine campagne, mon adorable amie ; nous avons culbuté les postes ennemis ; nous