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pour une même personne dans un seul cœur. Tu m’entends.

Fais en sorte que j’aie une campagne à mon arrivée, soit près de Paris ou en Bourgogne ; je compte y passer l’hiver et m’y enfermer, je suis ennuyé de la nature humaine ! J’ai besoin de solitude et d’isolement, les grandeurs m’ennuient, le sentiment est desséché. La gloire est fade à vingt-neuf ans, j’ai tout épuisé, il ne me reste plus qu’à devenir bien vraiment égoïste ! Je compte garder ma maison, jamais je ne la donnerai à qui que ce soit. Je n’ai plus que de quoi vivre ! Adieu, mon unique ami ; je n’ai jamais été injuste envers toi ! Tu me dois cette justice malgré le désir de mon cœur de l’être… Tu m’entends ! Embrasse ta femme et Jérôme.


XXIX

À SON FRÈRE JÉRÔME[1].

Alexandrie, 6 mai 1805.

Mon frère, votre lettre de ce matin m’apprend

  1. Jérôme Bonaparte, quatrième frère de Napoléon et le plus jeune, né à Ajaccio le 15 novembre 1784, élevé au collège de Juilly, entré dans la marine, enseigne de vaisseau en 1800. Son mariage avec mademoiselle Elisabeth Paterson, fille d’un négociant de Baltimore (États-Unis) le brouilla avec Napoléon