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mes. Il faut avouer, lorsque l’on voit tout cela de près, que les peuples valent peu la peine que l’on se donne tant de soins, pour mériter leur faveur. Tu connais l’histoire d’Ajaccio ; celle de Paris est exactement la même ; peut-être les hommes y sont-ils plus petits, plus méchants, plus calomniateurs et plus censeurs. Il faut voir les choses de près pour sentir que l’enthousiasme est de l’enthousiasme et que le peuple français est un peuple vieux, sans préjugés, sans liens.

Chacun cherche son intérêt et veut parvenir, à force d’horreur, de calomnie ; l’on intrigue aujourd’hui aussi bassement que jamais. Tout cela détruit l’ambition. L’on plaint ceux qui ont le malheur de jouer un rôle, surtout lorsqu’ils peuvent s’en passer. Vivre tranquille, jouir des affections de la famille et de soi-même, voilà, mon cher, lorsque l’on jouit de quatre à cinq mille francs de rente, le parti que l’on doit prendre et que l’on a vingt-cinq à quarante ans, c’est-à-dire lorsque l’imagination calmée ne vous tourmente plus.

Je vous embrasse et je vous recommande de vous modérer en tout ; en tout, entendez-vous, si vous voulez vivre heureux.