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la guerre soudaine pour saisir à la fois sur l’Océan les richesses longtemps déposées, que les colonies espagnoles, portugaises et bataves envoient enfin à leurs métropoles, ainsi que les vaisseaux de la république et les bâtiments de son commerce à peine régénéré. L’Angleterre, pour satisfaire quelques passions haineuses et trop puissantes, trouble la paix du monde, viole sans pudeur les droits des nations, foule aux pieds les traités les plus solennels, et fausse la foi jurée, cette foi antique, éternelle, que même les hordes sauvages connaissent, et qu’elles respectent religieusement.

Un seul obstacle l’arrête dans sa marche politique et dans sa course ambitieuse, c’est la France victorieuse, modérée et prospère ; c’est son gouvernement énergique et éclairé ; c’est son chef illustre et magnanime : voilà les objets de son envie délirante, de ses attaques réitérées, de sa haine implacable, de son intrigue diplomatique, de ses conjurations maritimes et de ses dénonciations officielles à son parlement et à ses sujets. Mais l’Europe observe ; la France s’arme : l’histoire écrit ; Rome abattit Carthage[1] !

  1. Ces appréciations sont encore exactes aujourd’hui. Comparez l’Angleterre de 1803 avec celle de 1887 ; et vous verrez que John Bull n’a pas changé. L’occupation indéfinie de l’Égypte, le bombardement d’Alexandrie, en sont des preuves.