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telle succession d’événements, presque toujours accompagnés de réactions, qu’il semble désormais établi que toute action suppose réaction, et que déjà même, on se hasarde à prononcer ce mot funeste.

On conçoit bien mal alors la journée du 18 brumaire ; on en dénature le caractère ; on méconnaît l’empire des temps auxquels enfin nous sommes arrivés.

Que durant la tourmente révolutionnaire, on ait agi et réagi aussitôt, c’est ce qu’il est facile d’expliquer ; il n’existait point d’accord entre les idées et les institutions ; et tout, dans ce monde politique, comme dans le monde physique, est soumis à cette loi de la nature, qui veut que les événements se balancent et s’équilibrent mutuellement. Cet équilibre une fois rompu, il n’y a plus que choc, déchirement et chaos, jusqu’à ce que les deux bassins de la balance, se pondérant également, reprennent leur assiette. Ainsi, depuis 89 jusqu’en 92, les idées et les institutions ne se balançant plus, n’étant plus de niveau, nous avons vu l’action et la réaction constante de la liberté contre le despotisme, et du despotisme contre la liberté, de l’égalité contre le privilège, et du privilège contre l’égalité.

La déclaration royale du 23 juin fut la réaction de la réunion des trois ordres : la nuit du 4 août fut la réaction du 23 juin. Le triomphe des nouvelles idées sur les vieilles institutions fut enfin décidé par le 10