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par la rue de l’Épicerie, etc., etc. J’arrête mes réflexions et mon indignation. Est-ce donc ainsi que vous voulez la République ? Vous avez retardé la marche de nos armées, en arrêtant les convois ; comment pouvoir se refuser à l’évidence de tant de faits, et comment vous épargner le titre d’ennemis de la patrie ?

LE MILITAIRE.

Il est de la dernière évidence que les Marseillais ont nui aux opérations de nos armées, et voulaient détruire la liberté ; mais ce n’est pas ce dont il s’agit ici ; la question est de savoir ce qu’ils pensent espérer, et quel parti il leur reste à prendre.

LE MARSEILLAIS.

Nous avons moins de ressources que je ne pensais, mais l’on est bien fort lorsque l’on est résolu à mourir, et nous le sommes plutôt que de reprendre le joug des hommes qui gouvernent l’État ; vous savez qu’un homme qui se noie s’accroche à toutes les branches, ainsi plutôt que de nous laisser égorger, nous… Oui, nous avons tous pris part à cette nouvelle révolution, tous nous serions sacrifiés par la vengeance. Il y a deux mois que l’on avait conspiré d’égorger quatre mille de nos meilleurs citoyens ; jugez à quel excès on se porterait aujourd’hui… l’on se ressouviendra toujours de ce monstre qui était cependant un des principaux du club ; il fit lanterner un citoyen, il pilla sa maison et viola sa femme, après lui avoir fait boire un verre du sang de son mari…