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vu cent fois la victoire le précéder dans les combats, et six ou sept autres corps, tous de vieilles milices, encouragés par leurs succès aux frontières et sur votre armée.

Vous avez des pièces de vingt-quatre et de dix-huit, et vous vous croyez inexpugnables, vous suivez l’opinion vulgaire ; mais les gens du métier vous diront, et une fatale expérience va vous le démontrer, que des bonnes pièces de quatre et de huit font autant d’effet pour la guerre de campagne, et sont préférables sur bien des points de vue aux gros calibres. Vous avez des canonniers de nouvelle levée, et vos adversaires ont des artilleurs des régiments de ligne, qui sont, dans leur art, les maîtres de l’Europe.

Que fera votre armée, si elle se concentre à Aix ? Elle est perdue : c’est un axiome dans l’art militaire, que celui qui reste derrière ses retranchements est battu : l’expérience et la théorie sont d’accord sur ce point, et les murailles d’Aix ne valent pas le plus mauvais retranchement de campagne, surtout si l’on fait attention à leur étendue, aux maisons qui les environnent extérieurement à la portée du pistolet. Soyez donc bien sûrs que ce parti, qui vous semble le meilleur, est le plus mauvais. Comment pouvez-vous d’ailleurs approvisionner la ville en si peu de temps de ce qu’elle aurait besoin ?

Votre armée ira-t-elle à la rencontre des ennemis ?