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anglais, à Porto-Vecchio, débarqua à Livourne, traversa le continent et se rendit à Londres. Il fut accueilli partout, par les souverains et par le peuple, avec les plus grandes marques d’admiration ; 4 ou 500 patriotes suivirent Paoli et émigrèrent ; un grand nombre d’autres abandonnèrent leurs villages et leurs maisons, et continuèrent plusieurs années à faire la petite guerre, coupant les chemins aux convois et à tous les soldats isolés. Les habitants les appelaient les patriotes, les Français les appelaient les bandits. Ils méritaient ce dernier titre par les cruautés qu’ils commettaient, quoique jamais contre les naturels.

Les vues du cabinet de Versailles étaient bienfaisantes : il accorda aux Corses des états de province, composés de trois ordres, le clergé, la noblesse, le tiers-état ; il rétablit la magistrature des douze nobles que les Corses avaient toujours réclamée ; des encouragements furent donnés à l’agriculture ; la compagnie d’Afrique de Marseille fut contrainte à reconnaître d’anciens usages favorables aux pêcheurs corses pour la pêche du corail. Des grandes routes furent percées, des marais desséchés. On essaya même de former des colonies de Lorrains, d’Alsaciens, pour mettre sous les yeux des insulaires des modèles de culture. Les impositions ne furent pas onéreuses ; les écoles furent encouragées ; les enfants des principales familles furent appelés en