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tionale n’était en rien compromise dans une lutte contre une poignée de montagnards. Louis XV même montra quelques sentiments favorables aux Corses ; il était peu jaloux de mettre cette nouvelle couronne sur sa tête ; et pour le décider à ordonner les préparatifs d’une dernière campagne, il fallut lui parler de la joie qu’éprouveraient les philosophes de voir le grand roi battu par un peuple libre et obligé de reculer devant lui. L’influence en serait grande pour l’autorité royale. La liberté avait des fanatiques qui verraient des miracles dans le succès d’une lutte si inégale. Il n’y eut plus à délibérer. Le maréchal de Vaux partit pour la Corse ; il eut sous ses ordres 30,000 hommes ; les ports de cette île furent inondés de troupes. Les habitants se défendirent cependant pendant une partie de la campagne de 1769, mais sans espoir de succès. La population de la Corse était alors de 150,000 habitants au plus, 130,000 étaient contenus par les forts et les garnisons françaises, il restait 20,000 hommes en état de porter les armes, desquels il fallait ôter tous ceux qui appartenaient aux chefs qui avaient fait leur traité avec les agents du ministère français. Les Corses se battirent avec obstination au passage du Golo. N’ayant pas eu le temps de couper le pont, qui était en pierre, ils se servirent des cadavres de leurs morts pour en former un retranchement. Paoli, acculé au sud de l’île, s’embarqua sur un bâtiment